ARTICLES ET BIOGRAPHIE
02/2024
Ajouté par Catherine Laugier le 18 février 2024.
Sauvé dans Catherine
Laugier, L'Équipe, La Chanson du Jour, Lancer de disque
Tags: Aubry Lhomer
On croirait que cette chanson prémonitoire a été écrite en fonction de l’actualité et de la disparition plus que douteuse d’Alexeï Navalny : « Mais j’ai la profonde douleur, mais j’ai l’immense tristesse / D’avoir à vous annoncer son décès inexpliqué ». Ce qui paraissait humoristique prend désormais un tour de tragédie.
C’est qu’Aubry Lhomer a l’art de saisir l’air du temps, avec son écriture d’une sensibilité fine, poétique et d’un humour délicat. Une plume toujours originale par le choix de ses sujets autant que par sa façon de les aborder. Dans ce dernier album dont nous vous avons déjà présenté plusieurs chansons, il manie les mots avec une habilité déroutante, pour en tirer du son et du sens, sur des ballades ou des musiques jazzie que Django ne renierait pas.
Chansons d’amour, qu’il soit éperdu (L’amour pansement), ébloui : « Et demain la nuit sera ensoleillée / Par ton incandescence (…) Ma solitude sera dans d’beaux draps / Lorsque tu seras dans mes bras » ; surréaliste dans une intrigue tout à fait délirante avec une rivalité entre une amoureuse sans tête (Victoire) et une sans bras (Vénus) ; ou empêché : « Prêt à tout mais bon à rien / L’homme indécis attend la Saint-Glinglin ».
Autodérision avec Côté cortex, mais est-ce bien lui le plus fou : « À tous les timbrés du compotier / Est-ce bien moi qui suit le plus barré ? / Ou bien à mieux y regarder / Le monde entier est cabossé » ou Mon identité, qui se joue des différents sens du mot : « monsieur l’agent / Je suis moi-même à la recherche / De mon identité ».
Vision du monde lucide, avec cette métaphore de la vie comme un jeu d’échecs où
il faut avancer droit, Tartempion, et
empathique, avec cet hymne anti raciste, Petite France, qui en douceur, comme à une petite sœur, rappelle qu’elle s’est faite de
ses apports étrangers. Depuis ses travailleurs venus extraire le charbon, ses soldats coloniaux venus « défendre ta Liberté
chérie », « En 44 sous le ciel de Provence / La
Marseillaise peut chanter libérée / Par des soldats tunisiens / Par des soldats marocains / Par des soldats algériens », de ses
résistants étrangers « Espagnols venus prendre le maquis / Arméniens de l’Affiche
rouge » – là encore l'écriture d'Aubry rencontre l'actualité - puis
reconstruite par ceux venus d’anciennes colonies, avant d’apporter du rêve « Dans
une équipe arc-en-ciel / Où ton drapeau bleu blanc bouge. »
Quand le monde ne va pas bien,
il chante la solidarité, La table du monde (écrite en l’honneur de l’association sociale La table de Jeanne-Marie sise au départ « rue des abeilles ») et l’espoir
que chacun doit allumer en soi : « Oui si
tu cherches la Terre Promise / Tu la trouveras au fond de toi ». Ou encore : « Délivré de mille et une broutilles, mon frère a les yeux qui brillent » quand il sort de ces sollicitations qui empêchent de vivre réellement ses rêves « Le monde anesthésié de rumeurs numériques / Se laisse hypnotiser, ou devient hystérique / Car les hommes fatalement s’installent / Dans des
attitudes / Dans des habitudes / Dans des servitudes ».
Régulièrement Aubry publie des chansons de tout son répertoire depuis son premier album Cet air de 2008 revisité en concerts. Suis-le, « Tu trouveras ce que tu cherches », du nom d’une de ses chansons de 2017…
Après plusieurs concerts privés, voir sa page facebook, Aubry L’homer sera le 29 février en concert chez Made in Franz à
Polbsheim/Strasbourg.
Catherine Laugier / Nosenchanteurs / 18 Février 2024
NUMERO 24
LE 21 JUIN 2022
Ajouté par Catherine Laugier le 25 juin 2022 La chanson du jour
Tu portes en toi des mots d’amour
Paroles et Musique Aubry L'Homer. Extrait de l’album « Le choix des chaises » 2017
En attentant la sortie officielle de son nouvel album « Une nuit ensoleillée » début juillet, Aubry nous donne une très belle nouvelle version, accompagnée d’un quatuor de violoncelles, de cette chanson écrite il y a quelques années et malheureusement de plus en plus d’actualité.
Aubry sait faire résonner les mots entre eux pour en faire jaillir des sens nouveaux et représentatifs d’une triste réalité. Mais comme à son habitude, il s’agit bien d’un vibrant appel au retour de cette Démocratie malade « Porte à nos portes tes beaux fruits », un appel aux mots d’amour, ces mots fragiles dont nous sommes en manque.
En concert à Vébron en Lozère près de Florac du 19 au 23 juillet 2022 en duo avec Jean Assante pour un Hommage à Brassens,
le 26 juillet pour un concert de soutien aux migrants.
Et le 7 octobre 2022 au Café Le Luce à Saint-Cyr sur Loire pour « Une nuit ensoleillée »
LE 24 JUIN 2022
03/2020
Nous avions fait connaissance avec le tourangeau Aubry L’homer avec Cet air, de son premier album huit titres de 2008, « cet air de famille » qui s’insinue en vous, ce texte si fin qui explique si bien le rôle naturel et indispensable de la musique et de la chanson dans nos vies.
Presque dix ans plus tard il nous proposait sur de fines mélodies un treize titres bien équilibré, mélange de poésie, d’humour tendre (« Faut pas la presser, Clémentine », Les éléphants ou Simon) et d’analyses concernées sur notre monde (Lampedusa, ou Démocratie et tous ses poétiques jeux de mots), d’interrogations sur les humains et le sens de leur vie, Tous les chemins mènent-ils à l’homme (comprenez souvent le mâle, le mal). Ou Tu trouveras ce que tu cherches, dédiée à Higelin : « Un jour la vie te tend la perche / Faut-il seulement que tu la voies ».
Et puis des histoires de rêves et de lune : « On a marché sur la dune / On a demandé la lune / Mais dans les cieux silencieux / Les astres sont désastreux (…) Reste une question opportune / Qui a décroché la lune ? ». Et plutôt que Le jour J, « Quant tu marches sur la lune / C’est sympa, ces p’tits pas pour l’homme / Géants pour l’humanité / Mais pas l’temps de méditer », Le jour K, « Le jour que l’on n’attendait pas. »
Le discret Aubry L’homer, toujours caché derrière son avatar, un petit bonhomme souriant – une poupée, après le dessin d’enfant du premier album – sait faire surgir l’émotion , trouver les mots justes , ceux qui sonnent et se jouent tout autant que la musique. La voix est douce et bien posée, et dans cet album flottent des écharpes d’âme… Higelin, déjà cité, Leprest, Trenet…
A la formation de musiciens classiques (flûte traversière, violoncelles, piano et claviers,
guitares, basse et percus), qui habillaient l’album, se substitue en concert ces derniers temps une formation jazz en trio, avec Paul Bureau au piano et Léo Chupin à la contrebasse qui dynamise
encore les chansons, c’est celle de cette nouvelle version du Choix des chaises.
En concert au Printemps des Poètes à Tours (Gentiana) le 13 mars 2020.
Catherine Laugier / Nosenchanteurs / 15 Février 2020
14/04/2021 : LA CHANSON "CLEMENTINE" DIFFUSÉE ... à BALTIMORE (MARYLAND)
Pour écouter l'émission :
(…)Il faut dormir la nuit
C’est l’docteur qui l’a dit
Rester sage et docile à domicile
Mais les rêves qui m’éclairent
Sont comme les réverbères
Ils se penchent sur le lit de la Seine
Oui les rêves qui m’éclairent
Comme les réverbères
Se penchent sur le lit de la Seine
Non, le plus difficile
C’est d’habiter une île
Sans jamais voir la mer(…)
Paroles et Musique Aubry L'Homer. Extrait de l’album « Cet air ».
Les chansons d’Aubry L'Homer sont si finement écrites et si universelles qu’on dirait toujours qu’il vient de les écrire tout exprès pour nous…
Ecoutez aussi Simon, de l’album Le choix des chaises (2017), une belle et triste chanson d’amitié. « On vient surtout pour ses chansons / Il y dit que « la femme est un sujet en or / Sur lequel il aimerait s’étendre » / Et qu’il « préfère le vin d’ici à l’eau de là / Le vin d’ici à l’eau de là » / C’est pas compliqué / Non non non non non / Rire et chanter je dis ouais / Sans Simon je dis non. »
On espère que le concert du 20 mars 2021, Salle Léo Lagrange à Tours à l’occasion du
Printemps des Poètes pourra avoir lieu cette fois. Les concerts manquent…
Catherine Laugier / Nosenchanteurs / 16 Décembre 2020
Quelques dates
"Ramasser une pierre rugueuse, prendre le temps de la tailler,
qu'elle devienne lisse, ronde, comme un galet, une pierre polie.
Construire, déconstruire, reconstruire... préserver la spontanéité de l'oral.
Le premier jet, souvent, c'est le mot qui est au départ.
Le mot amène l'idée, pas l'inverse,
et ça marche si l'idée est défendable.
Alors construire sur cette idée, cette seule idée.
Car on ne peut aborder
plus d'une idée par chanson, ou le message se brouille...
Aussi je voyage autour de ces constats,
celui de Barbara qui voit la chanson comme une lettre,
un monologue ou une conversation,
celui de Brel qui la voit comme un cri,
à la fois attaché à l'unité de lieu
comme à la progression du temps,
fidèle à Leprest, génial de discrétion
dans le paysage des maîtres-artisans de la chanson,
découpant, collant, scotchant ses textes à l'infini,
pour aboutir à ce puzzle de mots insensé".
La chanson tient en une contradiction : éphémère, provisoire, elle est une fraction de vie... mais à la fois, elle peut s'installer, et ne vous quittera plus. Elle vous a accompagné un jour dans la plus petite enfance, et elle est là, toujours, dans le plus grand âge, imprégnée en vous.
La chanson est un court-métrage. On la débute comme on débute une rencontre. On ne sait pas qui vous parle, d’où il vous parle, vers quoi il va, on prend l’histoire en route. Et on fait un petit bout de chemin ensemble. A travers quelques mots, on entre dans son univers, on en perçoit certaines choses, on devine : la suggestion donne sa liberté à l’auditeur. Et la rencontre s’achève à l’issue des trois minutes, chacun va poursuivre sa vie, son chemin, continuer vers son propre horizon...
Il y a comme ça des rencontres-éclairs dans l’existence, qui dure l'espace d'un instant, mais qui vous marque à vie. C’est un peu ça, la chanson : l’instant éphémère qu’on ne pourra pas oublier, une fraction d’éternité.