Libre hasard adoré


Sortir de la gare

Le voyage enduré

Dans la ville on s’égare

Libre hasard adoré

Chaque rue nous berce

De mille et une broutilles

De commerce en commerce

Des fois des yeux qui brillent.

Là, on vend de l’art

Ici, c’est du cochon

Pour nous pas de dollar

Juste un jambon-torchon,

Les margoulins le soir

Cachent mal leur jalousie

Z’aimeraient bien nous asseoir

Vivre de fantaisies…

 

 

Car les hommes

Fatalement s’installent…

Dans des attitudes

Dans des habitudes

Dans des servitudes.

 

 

Des couples d’habitués

Que le voyage démange

Font un tour de quartier

Promeneurs du dimanche

Puis retournent chez eux

Suspendre l’aventure

Préfèrent compter leurs oeufs

Briquer la devanture,

Puis on longe un jardin

Au public si privé

Quartier de citadins

Tellement arrivés,

On mesure leur pactole

Maisons cossues, prisons,

Leurs manières protocolent,

Nous ferment l’horizon.

 

 

Car les hommes

Fatalement s’installent…

Dans des attitudes

Dans des habitudes

Dans des servitudes.

 

 

Alors à rebrousse-pied

Sous la pluie débutante

On se perd à moitié

Le barman doit fermer,

On ne boit que ses paroles

Quelques brèves de comptoir

La soirée arrosée

Ce sera pour le trottoir,

De retour sous l’averse

Plus jamais sans lumière

Les écrans controversent

Sous nos doigts petit frère,

Le monde anesthésié

De rumeurs numériques

Se laisse hypnotiser

Ou devient hystérique.

 

 

Car les hommes

Fatalement s’installent…

Dans des attitudes

Dans des habitudes

Dans des servitudes.

 

 

De retour à la gare

De retour au départ

Au détour d’un regard

Libre hasard adoré,

Les départs nous délivrent

De mille et une broutilles

Sur le quai devant moi

Mon frère a les yeux qui brillent.

 

 

Délivré…

De mille et une broutilles…

 

Mon frère a les yeux qui brillent.